Je suis poète

La nature, quand elle fait la belle me rend dingue. Moi je vous l’ai déjà dit et je le répéterai jusqu’à ce que ça vous fasse saigner le tympan : je suis poète.
Ma vraie vocation : c’était d’aligner des trucs de douze pieds au lieu de flanquer mon pied dans le soubassement de mes contemporains.
J’aurais fait rimer des mots qui ne riment pas à grand-chose et qu’on aurait publiés dans des revues hermétiques comme des boîtes de sardines, j’aurais eu un triomphe, j’aurais appris à m’examiner le nombril devant mon armoire à glace; j’aurais calcé des baronnes. Les vieilles dames m’auraient appelé « maître » et les jeunes « vieux con » , bref j’aurais été quelqu’un et, en ce moment où le jour se lève sur un nouveau mystère de ma carrière de flic, je serais en train d’éblouir un auditoire avec des imparfaits du subjonctif.

San-Antonio, Passez-moi la Joconde.

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