Il ne sera point fait de Service d’Auteur

 

Fagus, dans La Plume du 15 mars 1903, au sujet de son livre Ixion.

 

Petite explication : Fagus n’était alors pas seulement l’auteur, mais aussi, d’une certaine manière, un peu l’éditeur…
Extrait d’un article, qui n’est plus en ligne, où j’expliquais les circonstances de la publication :

 

Parmi les lettres de Fagus à Karl Boès, directeur de La Plume – conservées à la bibliothèque Jacques Doucet —, celle du 14 décembre 1901 peut nous donner quelques explications sur ce choix exprimé bien ironiquement :

 

« MCMI
De Paris le quatorze décembre
Monsieur Karl Boès
Conformément aux conclusions de notre conversation du treize :
La Plume édite cinq cents exemplaires du poème Ixion, tiré sur 108 pages in 18 de papier courant d’édition, ou vergé ordinaire, qu’elle met en vente au plus tard fin février 1903.
De quoi l’auteur assume les frais selon le tarif courant des Editions de la Plume, soit cinq cents francs payables moitié en espèces (réparties sur plusieurs versements dont le dernier au plus tard un mois après la mise en vente) – ou deux cent cinquante francs, et moitié par sa collaboration à La Plume pendant l’année 1903.
Il recevra moitié du prix fort de chaque exemplaire vendu et reste propriétaire de l’édition qu’il pourra retirer à son gré en provoquant un règlement de compte définitif : cependant, jusque là, le service de presse une fois établi, il paiera son prix fort tout exemplaire qu’il retirera séparément, avec obligation semblable pour l’éditeur, et cela pour le mieux de leurs communs intérêts ; et, lors du règlement de compte définitif, du nombre d’exemplaires à restituer à l’auteur, ceux détériorés, égarés ou détournés par des tiers seront défalqués, l’auteur s’engageant à n’en pas réclamer le remboursement. Si l’auteur publie d’autre part ou édite tout ou fragment du poëme, avec ou sans illustrations, il mentionnera l’édition présente.
En toute bonne foi et cordialité
Fagus »

 

On comprend ainsi pourquoi Fagus utilise le terme, très rare, de « service d’auteur ». Selon le contrat proposé, le service de presse semble être assuré par la maison d’édition, mais ce que Fagus appelle « service d’auteur » doit correspondre aux livres offerts par l’auteur aux amis et connaissances littéraires, hors service de presse. Ces exemplaires-là étaient achetés, par l’auteur, au prix fort.
Précisons que la somme de 250 francs que Fagus devait avoir réglée avant la fin de ce mois de mars 1903 équivaut aujourd’hui à 916 euros et qu’un exemplaire d’Ixion coûtait 3 francs, soit 11 euros.
Une lettre à Paul Léautaud du 19 mai 1927 nous prouve que cela ne se passa pas tout à fait comme prévu (Lettres à Paul Léautaud. La Connaissance, 1928. p.69) :

 

« Mon troisième livre, Ixion, fut pris par Karl Boès, et magnifiquement présenté. Je ne sais plus combien il me demanda, mais ce que je sais bien, c’est que je lui suis débiteur pour une large part. Quoi d’étonnant qu’il ait dû fermer boutique ? Le plus rare est que nous ne nous en voulons ni l’un ni l’autre. ».

 

Fagus indique, dans cette lettre, que ses deux précédents livres furent également édités à compte d’auteur, et cite des chiffres précis : il dut payer à Léon Vanier 350 francs pour Testament de sa vie première et 320 francs à Henri Rainaldy pour le Colloque sentimental

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